5o4 MEMOIRES DE PIERRE DB LESTOILE.

Le lundi a3 de ce mois, le curé de Saint-André estant allé trouver madame de Guise, pour la prier pour un de ses compagnons qui estoit en peine pour avoir mal.parlé d'elle; ladite dame tui dit que la pluspart d'entre eux n'estoient que des séditieux, qui au lieu de prescher l'Evangile preschoient le meurtre et lç sang ; et que mesmes ils avoient presché que ceux qur assistoient à la messe du roy de Navarre, et quiralloient voir, estoient excommuniés, a II est vrai, madame, res-« pondit le curé, voire de la grande excommunication; «r;et ce que nous en preschons, c'est pour la venté; et « ce que nous en disons, pour la descharge de nos « consciences. — Je ne sais pas tout cela, dit madame « de Guise, ni n'entends rien à vos grandes et petites <c excommunications; mais je vous dirai que j'ai oui lait messe du roi de Navarre; je l'ai veu, et qui plus.est a je .l'ai baisé, et toutefois je ne pense point estre ex-« communiée. Si on vous vouloit donner un roy tel que « vous demandés, il' vous en faudroit un meurtrier et « sanguinaire : et lors vous le trouveriez bon. Mais « pour que çestui-ci est homme de bien, vous n'en cc voulés point. » Mademoiselle de Guise demanda au curé, en riant, si elle estoit point bien noire. « Ce n'est « pas, lui respondit-il, vostre visage, mais c'est vostre « ame qui est bien noire; — Je pense, lui dit-elle, que tf mon ame est plus blanche que n'est noir vostre vi-« sage.»

Ce jour, les damoiselles de Madame, sœur du Roy, vinrent à Paris, et furent saluer madame de Nemoux, qui avoit un mal de dents. Elle leur demanda si elles n'avoient point encores .esté à sa messe. A quoi elles rcspondirent que non, et qu'elles n'avoient point envie

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	5o4 MEMOIRES DE PIERRE DB LESTOILE. Le lundi a3 de ce mois, le curé de Saint-André *estant* allé trouver madame de Guise, pour la prier pour un de ses compagnons qui estoit en peine pour avoir mal.parlé d'elle; ladite dame tui dit que la pluspart d'entre eux n'estoient que des séditieux, qui au lieu de prescher l'Evangile preschoient le meurtre et lç sang ; et que mesmes ils avoient presché que ceux qur assistoient à la messe du roy de Navarre, et quiralloient voir, estoient excommuniés, a II est vrai, madame, res-« pondit le curé, voire de la grande excommunication; «r;et ce que nous en preschons, c'est pour la venté; et « ce que nous en disons, pour la descharge de nos « consciences. — Je ne sais pas tout cela, dit madame « de Guise, ni n'entends rien à vos grandes et petites <c excommunications; mais je vous dirai que j'ai oui lait messe du roi de Navarre; je l'ai veu, et qui plus.est a je .l'ai baisé, et toutefois je ne pense point estre ex-« communiée. Si on vous vouloit donner un roy tel que « vous demandés, il' vous en faudroit un meurtrier et « sanguinaire : et lors vous le trouveriez bon. Mais « pour que çestui-ci est homme de bien, vous n'en cc voulés point. » Mademoiselle de Guise demanda au curé, en riant, si elle estoit point bien noire. « Ce n'est « pas, lui respondit-il, vostre visage, mais c'est vostre « ame qui est bien noire; — Je pense, lui dit-elle, que tf mon ame est plus blanche que n'est noir vostre vi-« sage.» Ce jour, les damoiselles de Madame, sœur du Roy, vinrent à Paris, et furent saluer madame de Nemoux, qui avoit un mal de dents. Elle leur demanda si elles n'avoient point encores .esté à sa messe. A quoi elles rcspondirent que non, et qu'elles n'avoient point envie

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